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Pékinoscope
8 novembre 2006

Individualisme?

En lisant par hasard le blog de mon amie Camille, je suis tombée sur une phrase avec laquelle je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout d'accord. En gros, ça donnait cela:

"Ici en Chine, on ne prend pas de décision en pensant uniquement à soi. On agit dans le but de faire plaisir à sa famille, à ses proches. Vous en Occident, vous êtes très individualistes."

Laissez-moi rire. Voilà un concentré de préjugés et de propagande chinoise, que malheureusement on entend partout et tout le temps. Cela m'agace quelque peu. Plus individualistes que les Chinois, franchement c'est difficile.

Reprenons mon sempiternel exemple du métro. Pourquoi à votre avis est-ce que je me prends tous les matins les mêmes coups de coudes et d'épaules pour descendre du métro à Xizhimen? Parce-que chacune des personnes qui s'apprête à monter est trop préoccupée de s'asseoir, pour penser que l'intérêt général est de laisser les autres descendre d'abord. Donc ils s'engouffrent tant qu'ils peuvent dans la rame, en donnant des coups de coude aux pauvres hères qui comme moi essaient tant bien que mal de s'extirper de cet engin de malheur.

Ou bien sur la route. Ou dans les files d'attente. Le premier arrivé, toujours, en dépit du bon sens. Ou bien, plus intéressant, la gestion des espaces publics ou communs. On peut cracher dans la rue, elle n'appartient à personne, si ce n'est à la collectivité. Donc on n'a pas besoin de la respecter, on peut y jeter tout ce qu'on veut. Comment expliquer, aussi, que les parties communes des immeubles soient si souvent en piteux état, alors que les intérieurs sont tout proprets? Ce qui n'est pas à moi, je m'en contrefiche.

Ces petits détails au quotidien, je commence à les ressentir de plus en plus violemment. Les inconnus tout autour de nous n'existent tout simplement pas. Ils ne font pas partie de notre univers, donc ils ne méritent aucun regard, aucune considération, ni même de la politesse. Qu'on ne me dise pas que c'est parce-que les Chinois sont trop nombreux, qu'ils ne peuvent pas se soucier les uns des autres, hein. On n'a jamais vu que le désordre rende quelque service que ce soit en termes de gestion des masses. Au contraire, à mon avis, un peu de considération pour le voisin, ça pourrait souvent rendre service.

En revanche, oui, il y a bien de la considération pour la famille, les amis, les proches. Eux méritent qu'on se décarcasse, qu'on soit poli, proportionellement à la proximité qui nous lie. Est-ce que ça veut dire que c'est la communauté qui prime? Non. Pour moi, cela veut tout simplement dire: les miens d'abord. Car ce sont les gens sur qui je peux me reposer également. Plus nous sommes proches et plus nous sommes liés par cette relation qui nous oblige les uns envers les autres. Mais entrer dans le jeu de cette interdépendance est aussi une question d'intérêt personnel. Car chacun peut ainsi profiter de sa petite communauté, familiale ou amicale, comme d'un réseau très efficace pour l'aider dans des diverses entreprises.

Pardonnez-moi d'être cynique, mais honnêtement, à mes yeux, s'il y a une culture qui favorise l'individualisme, c'est bien celle de mes amis les Chinois.

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Commentaires
S
Je suis marié avec une chinoise et nous avons des enfants. A chaque fois que ma femme va en Chine, dans sa famille, lorsque je l'ai au téléphone, quand elle n'oublie pas d'appeler parce qu'elle est très occupée (à faire la fête) , j'ai l'impression de ne plus avoir la même personne, j'ai un vide au téléphone... Il y a quelques années, un ami qui était marié également à une chinoise, a vécu la même expérience, il ne s'en est pas remis, il s'est suicidé quelque temps après son retour ; il l'adorait sa femme, tout comme moi j'adore la mienne et cette mentalité individualiste nous fait souffrir, on voudrait ne pas avoir de sentiments tant elles nous font souffrir...<br /> Un autre exemple, ma femme est prends des cours de massage à Paris, elle apprend le massage thérapeutique (à nos frais, merci pôle emploi !) ; au départ, d'après son professeur, ils apprennent sur des patients... A la fin de la semaine je vais avec les enfants à Paris pour lui amener les cadeaux et souhaiter la fête des mères... elle me dit que sa première semaine était éprouvante et qu'en fait les patients se sont eux mais qu'il n'y a pas de problème, son binôme est une femme... ça change, deuxième semaine, massages relaxant, elle ne m'envoie plus de texto le soir quand elle rentre, c'est moi qui la contacte pour avoir de ses nouvelles. Arrive le vendredi, je l'a contacte, personne ne répond ; j'appelle toute les demi heures, son portable sonne puis messagerie ; vers 23 h j'appelle son professeur que je réveille et qui me dit que ce n'est pas son problème, que cette semaine elle était en forme, que l'on pouvait supposer qu'ils dinaient tous ensembles (ses stagiaires). J'appelle la propriétaire qui va tapper à la porte de sa chambre, personne ; elle rentre vers 23 h 15 et m'appelle, me disant que son portable était sur vibreur, qu'elle avait terminé tard, qu'elle avait attendu le RER une demi heure. Elle oublie de dire qu'elle était avec des collègues (1 à 10) et bien entendu lorsqu'on attend longtemps le RER à une heure tardive, on ne pense pas à prendre le portable pour appeler son mari qui s'inquiète, impuissant à 280 km de distance et qui commençait à réunir tous les numéros des urgences de Paris, les larmes aux yeux... Mais je suis malade, elle va me soigner, m'a-t-elle répondu ironiquement... Chose rassurante, j'apprends ensuite qu'elle s'est fait tripoté par ses collègues masculin (toujours après coup !) pour les massages détente... <br /> Cours de massage, je veux bien ; j'ai même demandé à de nombreux praticiens, la situation n'est pas seine et avec une telle mentalité, on ne peut avoir confiance. Elle ne trouvait pas sa voie professionnelle en France ; la coiffure, il faut des diplômes, les massages, pas à la campagne... Je suis donc en plein déménagement pour la ville, pour qu'elle puisse exercer et avoir une mobilité (90 leçons de conduite et toujours pas de permis) dans le métier qu'elle a choisie d'exercer.<br /> J'ai ensuite pris des congés pour m'occuper des enfants. <br /> Et j'entends toujours ce vide au téléphone...<br /> En 3 semaines elle n'a demandé qu'une seule fois à avoir les enfants au téléphone...<br /> <br /> J'en ai parlé autour de moi, hommes et femmes sont unanimes, je n'ai pas de problèmes, personne ne tolèrerait une telle situation dans son couple et n'aurait accepté cette situation de stage. Ma réaction est tout à fait normale.<br /> <br /> Je n'ai rien contre cette école Shen, sinon un peu plus de clarté au départ. J'ai tout appris une fois que c'était fait... Voilà où ça mène l'individualisme chinois...
J
Je suis d'accord avec ton explication, l'individualisme est vraiment à son paroxisme ici, mais dans un sens ou individuel="les miens" et pas juste soi-même.<br /> On va donc tout faire pour sa famille et les siens, car la vie est un combat qui commence tous les matins pour trouver un siège dans le métro.<br /> La vie en communauté est aussi une question d'éducation, mais quand on voit le nombre de panneaux et de messages sonores pour dire aux gens de faire la queue et d'attendre que les gens descendent, on se dit que notre conception de la collectivité n'est pas accessible dans un futur proche.
A
et l'économie à la sauce nord américaine n'arrange rien, pas de secu, pas de retraite, ca fait pousser les dents ca ! et hisse a son paroxysme l idee de conccurence.
A
Chaque fois que je vais en Chine, je me fais la même réflexion que nous sommes des individualistes qui vivent en collectivité alors que les Chinois sont une collectivité qui vivent en individualistes. Nuance.
C
je vois ce que tu veux dire ;) j'ai ressenti une certaine contradiction dans ses propos. je n'ai pas retranscrit tout ce qu'on s'est dit mais en gros j'ai l'impression que nous n'avons à la base, pas la même définition de l'individualité. Lui, il ne me parlait que des rapports au sein de la famille, et du groupe d'amis etc ... quand il parle de communauté, c'est d'eux dont il parle, et pas de la société. Et d'ailleurs à un moment il l'a reconnu, et a dit "c'est vrai que vous avez ce truc en Occident, de faire attention aux autres, de dire bonjour à tout va etc ... j'aime bien ça". <br /> D'ailleurs ça parait normal, les codes sociaux ne peuvent pas être les mêmes dans un pays d'un milliard et plus d'habitants ... ça forge un bouclier d'autodéfense, d'indifférence qui n'est pas aussi présent chez nous, car la présence des "autres" est moins dense, donc moins "dangereuse". Chez nous c'est pareil, les rapports entre les gens ne sont pas les mêmes, suivant que l'on vit dans un village, ou dans une grande ville. <br /> Pour résumer, je ne pense pas que les chinois soient plus égoïstes que les occidentaux, je pense qu'on ne peut tout simplement pas comparer deux individus qui n'ont dès le départ, pas la même éducation et la même notion de l'altérité. <br /> J'ai pas l'impression d'être très claire, bouuuh.
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