Individualisme?
En lisant par hasard le blog de mon amie Camille, je suis tombée sur une phrase avec laquelle je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout d'accord. En gros, ça donnait cela:
"Ici en Chine, on ne prend pas de décision en pensant uniquement à soi. On agit dans le but de faire plaisir à sa famille, à ses proches. Vous en Occident, vous êtes très individualistes."
Laissez-moi rire. Voilà un concentré de préjugés et de propagande chinoise, que malheureusement on entend partout et tout le temps. Cela m'agace quelque peu. Plus individualistes que les Chinois, franchement c'est difficile.
Reprenons mon sempiternel exemple du métro. Pourquoi à votre avis est-ce que je me prends tous les matins les mêmes coups de coudes et d'épaules pour descendre du métro à Xizhimen? Parce-que chacune des personnes qui s'apprête à monter est trop préoccupée de s'asseoir, pour penser que l'intérêt général est de laisser les autres descendre d'abord. Donc ils s'engouffrent tant qu'ils peuvent dans la rame, en donnant des coups de coude aux pauvres hères qui comme moi essaient tant bien que mal de s'extirper de cet engin de malheur.
Ou bien sur la route. Ou dans les files d'attente. Le premier arrivé, toujours, en dépit du bon sens. Ou bien, plus intéressant, la gestion des espaces publics ou communs. On peut cracher dans la rue, elle n'appartient à personne, si ce n'est à la collectivité. Donc on n'a pas besoin de la respecter, on peut y jeter tout ce qu'on veut. Comment expliquer, aussi, que les parties communes des immeubles soient si souvent en piteux état, alors que les intérieurs sont tout proprets? Ce qui n'est pas à moi, je m'en contrefiche.
Ces petits détails au quotidien, je commence à les ressentir de plus en plus violemment. Les inconnus tout autour de nous n'existent tout simplement pas. Ils ne font pas partie de notre univers, donc ils ne méritent aucun regard, aucune considération, ni même de la politesse. Qu'on ne me dise pas que c'est parce-que les Chinois sont trop nombreux, qu'ils ne peuvent pas se soucier les uns des autres, hein. On n'a jamais vu que le désordre rende quelque service que ce soit en termes de gestion des masses. Au contraire, à mon avis, un peu de considération pour le voisin, ça pourrait souvent rendre service.
En revanche, oui, il y a bien de la considération pour la famille, les amis, les proches. Eux méritent qu'on se décarcasse, qu'on soit poli, proportionellement à la proximité qui nous lie. Est-ce que ça veut dire que c'est la communauté qui prime? Non. Pour moi, cela veut tout simplement dire: les miens d'abord. Car ce sont les gens sur qui je peux me reposer également. Plus nous sommes proches et plus nous sommes liés par cette relation qui nous oblige les uns envers les autres. Mais entrer dans le jeu de cette interdépendance est aussi une question d'intérêt personnel. Car chacun peut ainsi profiter de sa petite communauté, familiale ou amicale, comme d'un réseau très efficace pour l'aider dans des diverses entreprises.
Pardonnez-moi d'être cynique, mais honnêtement, à mes yeux, s'il y a une culture qui favorise l'individualisme, c'est bien celle de mes amis les Chinois.