Métrodiffusion
Et voilà, c'est le retour à Pékin, la reprise du boulot depuis une semaine déjà... Je suis à peine partie depuis quelques jours et la ville a déjà fait un bond dans l'espace-temps: la nouvelle ligne de métro a ouvert, et dans le même temps le prix de mon trajet quotidien pour le bureau a été divisé par deux. Cool.
Du coup j'ai fait comme tout le monde et me suis empressée d'aller voir à quoi ressemblait la fameuse ligne 5. Elle est belle comme tout. Bien pensée, assez sûre avec ses portes de sécurité, toute moderne et tout... Tellement moderne que tout le monde glisse et tombe sur le carrelage tout lisse et tout brillant. Mais fallait faire riche, vous comprenez...
La ligne confirme une tendance assez généralisée ces derniers temps: mettre des écrans partout, avec le son qui vous agresse en permanence. La modernité dans tous ses états. Dans les cafés, juste au-dessus de la table où vous sirotez votre chocolat, on vous met un défilé de pubs ininterrompu (sisi, au Shangdao Kafei ils font ça). Devant la porte de notre ascenseur au bureau ils viennent de nous en installer aussi. Je m'amuse toujours à observer la fascination des gens auour de moi pour le petit écran qu'on leur fournit d'office. Ils sont là bouche bée comme si la pub pour L'Oréal ou la rubrique des chiens écrasés les hypnotisait complètement. Cette omniprésence des écrans, ça fait quand même un peu Big Brother.
Et les hautes technologies sont mises à contribution. A l'aéroport de Kunming, les écrans diffusent des images en 3D qui font assez mal aux yeux. Dans le métro de Pékin, il y a des écrans lumineux dans les galeries pour que nous puissions voir de la pub même dans le noir, et même en mouvement! Trop forts ces Chinois. A l'aéroport de Pékin il y a un écran rond, comme ça c'est bien: on partage l'écran, tout le monde en voit un peu, mais personne ne le voit complètement. C'est sûrement ça, le socialisme "à la chinoise"...
Comme je prenais le métro hier soir en rentrant du bureau, le programme diffusé sur le fameux écran m'a interpellée. C'était le discours du président Hu Jintao pour l'ouverture du 17ème congrès du Parti Communiste Chinois. Et comme toujours, les gens regardaient l'écran d'un air un peu hébété. Ca me fera penser à faire attention à ma tête la prochaine fois que je regarde la télé... Rien de plus normal donc, mais cette fois c'est moi qui me sentais un peu mal à l'aise devant ces gens qui regardaient leur président parler de la marche scientifique vers le socialisme, et des efforts de la nation pour construire une société harmonieuse et bla bla bla... Ca me faisait un effet bizarre. Après tout, personne n'a demandé à l'allumer cet écran, mais tout le monde l'écoute quand même.
Dans le fond c'est l'équivalent du discours du Nouvel An en France. On se sent un peu obligé de suivre, et puis à la fin on éteint, on se racle la gorge et on finit son poulet (froid) en disant qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Mais quand même, je me demanderai toujours ce qu'ils en pensent, les gens. Parce-que quand ils me soutiennent que ces interminables discours du Parti, ça ne les intéresse pas du tout, j'ai un peu du mal à les croire. Au moins dans le métro, ils ont l'air d'avoir envie de savoir à quelle sauce on va les manger.