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Pékinoscope
30 octobre 2006

Chu chai

La Chine, ça commençait à me fatiguer ces derniers temps, j'ai donc décidé de mettre les voiles et de prendre un avion pour la Corée. Hop, comme ça. Non, en fait j'étais invitée à assister à une conférence internationale qui s'appelle "Asia Culture Forum", qui avait lieu à Gwangju.

Ca change de quitter la Chine quelques jours! Il n'y a pas à dire, mais l'Asie, ce n'est vraiment pas un continent homogène. Du peu que j'ai pu voir de la Corée, c'est très différent de la Chine. Mis à part le petit monastère bouddhiste qu'inévitablement on nous a emmenés visiter, tout était très différent. Bien sûr le niveau économique est tel que l'urbanisation de Séoul ou de Gwangju n'a rien à voir avec les forêts de grues de Pékin. Mais surtout, les gens m'ont semblé vivre très différemment.

Dès l'arrivée à l'aéroport, ce fut flagrant. J'ai donc débarqué avec une tripotée de Chinois dans un aéroport hyper propre et hyper bien conçu. Comme tout le monde j'ai commencé par passer aux toilettes. Et comme les Coréens sont bien organisés, il y a une ligne jaune comme aux services de l'immigration, derrière laquelle on doit s'arrêter pour attendre son tour. Déjà, j'ai trouvé ça reposant de ne pas avoir à se battre pour défendre sa place comme il faut le faire en Chine pour avoir un billet de métro, un taxi les jours de pluie ou quoi que ce soit qui suppose de faire la queue. Mais à ce moment-là ont débarqué un groupe de Chinoises qui n'ont juste pas vu la ligne et se sont emparées de l'espace dans le désordre le plus compet. Et voilà.

(on dirait que je deviens critique avec mes amis les Chinois, non? Je suis fatiguée. Je le serais de même avec les Parisiens.)

Tout cela pour dire que j'ai trouvé la Corée très disciplinée. Pour le peu que j'en ai vu, bien sûr, et sachant que je ne parle absolument pas un mot de coréen. En ville, les gens s'arrêtent aux carrefours, ils ne passent pas leur temps à klaxonner. La propreté est toujours (presque) au rendez-vous, à commencer par dans l'hôtel où le groom retire ses chaussures avant de rentrer dans les chambres des clients pour y déposer les valises. Et les volontaires qui aidaient à l'organisation de la conférence n'auraient rien organisé sans obtenir un consensus de tous les participants. Une gageure.

D'un autre côté j'ai retrouvé là-bas des copains français qui vivent sur place, et qui au cours d'un petit verre, puis d'un dîner, m'ont dressé un portrait beaucoup plus sombre de la Corée. En particulier, ils m'ont décrit minutieusement comment fonctionne une famille traditionnelle coréenne, tant et si bien qu'au bout de la conversation je voulais repartir. Enfin, non, quand même pas... Visiblement il ne fait pas bon être une jeune mariée là-bas, car les jeunes femmes doivent être au service de leur mari dans toutes les tâches ménagères, ne pas trop exprimer de désaccord avec son mari, et puis tant qu'à faire ne pas trop s'exprimer du tout. On m'a raconté des histoires effrayantes de brus réveillées par leurs beaux-pères le matin pour leur faire à manger, etc... Et lorsqu'on m'a décrit les jeunes coréennes comme des filles chez qui on décourage toute initiative personnelle et tout esprit critique, je ne voulais pas le croire car j'avais rencontré des filles plutôt sympa jusque là. Jusqu'à ce que j'en voie une poser la main sur sa bouche en signe de timidité alors qu'il ne s'était rien passé ni dit de spécial, et là j'ai compris ce que voulaient dire mes amis. Il faut bien avouer qu'en Chine, les femmes sont beaucoup plus émancipées que cela, et qu'elles ont une volonté et une ambition de fer.

D'après mes amis le confucianisme a été conservé beaucoup plus intact en Corée de ce point de vue, et avec lui un respect très grand de la hiérarchie, et par extension de la misogynie. Comme quoi les valeurs ancestrales, ça n'a pas que du bon.

Par ailleurs j'ai appris que 40% des Coréens sont protestants, chiffre que j'ai trouvé énorme, à la mesure des croix lumineuses qui dominent toute la ville. Apparemment les Français du coins vivent assez mal le prosélytisme religieux qui est quotidien. Rien à voir donc avec l'athéisme militant de la Chine!

Enfin tout ça pour dire que je n'ai pas encore compris grand chose à la Corée, si ce n'est que pour l'unité culturelle asiatique, on repassera... Le paradoxe étant que la ville soutenait cette conférence car elle veut se positionner comme un "hub" culturel asiatique et devenir le centre d'une réflexion sur l'identité asiatique... Intéressant. Au moins, cette identité, si elle n'existe pas dans les faits, peut-elle exister comme volonté politique de donner de la force à la région. Ou comment inventer, construire et développer une identité, dont à la fin tout le monde sera persuadé qu'elle a toujours existé...

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Commentaires
A
ca m`a l`air de ressembler au Japon tout ca... hey, je suis a Tokyo pour la semaine !
Pékinoscope
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