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Pékinoscope
31 mars 2008

C'est triste...

Le dernier post de Bruno Birolli sur son blog décrit avec précision le fonctionnement rhétorique de la propagande chinoise d'une part, et le traitement assez partial de la crise du Tibet par les médias occidentaux d'autre part. Deux "rouleaux compresseurs" qui s'affrontent et créent une sorte de malentendu mondialisé, en somme. Un concours de mauvaise foi de part et d'autre, où les bourdes donnent le change à la propagande organisée.
J'en profite pour exprimer ma grande tristesse devant la manière dont les événements sont traités en général. Malgré ma recherche assez poussée, j'ai eu du mal à trouver des voix qui cherchaient vraiment à comprendre la complexité de la situation (sauf peut-être sur France Culture le 27 mars).
Tout le monde s'en tient à sa version de l'histoire, se gargarise de leçons d'humanisme et y va de son jugement à l'emporte-pièces sur qui l'impérialisme des Occidentaux, qui l'impérialisme des Chinois, faisant des tibétains les grandes victimes de la situation, comme s'ils n'étaient pas eux-mêmes pleins de motivations complexes. Et le malentendu perdure inexorablement, encourageant les uns et les autres dans leur agressivité. A ce grand concours, tout le monde est perdant.
Côté occidental, on repasse en boucle des images de Tibétains qui pleurent devant les caméras occidentales, images d'autant plus marquantes qu'elles sont le plus souvent volées. Alors on ne comprend pas que le gouvernement chinois ne cède pas. Pourquoi s'entête-t-il encore alors que, c'est unanime, les Tibétains du "Grand Tibet" ont su faire entendre leur voix clairement? Et surtout, pourquoi peut-on encore lire des billets scandalisés de la part des autres citoyens chinois, qui devraient être heureux que l'on s'intéresse à l'oppression dans leur pays au travers du cas tibétain?
C'est que les citoyens chinois, eux, n'ont pas vu la même chose à la télé. Ils ont vu des magasins saccagés, des gens innocents tabassés, et le drapeau national brûlé. Les émeutes ont réellement été violentes. On peut imaginer que l'émotion a été forte dans le pays, qui n'a pas l'habitude de tels mouvements. Ils ne comprennent pas une seule seconde comment les pays occidentaux peuvent soutenir de si dangereux brigands, si ce n'est parce-qu'ils complotent avec l'Inde et la CIA pour déstabiliser la Chine! Pourquoi des associations de reporters passent-elles leur temps à vouloir boycotter les Jeux Olympiques, qui sont, dans leur tête, un effort surhumain consenti par le pays pour se montrer sous son plus beau jour? En un mot, pourquoi tant de haine?
Car je crois que la critique internationale du régime chinois est interprétée par une bonne part de la population comme une critique contre la nation chinoise, et les individus se sentent visés eux-mêmes, touchés dans leur orgueil, et profondément tristes que leur vision d'une Chine multiethnique ne soit pas comprise - car ils savent peu ce qu'il en est de la réalité sur le terrain.
Plus que cela, tout ce qui peut nourrir la thèse du complot international contre la Chine me semble dangereux car il encourage un certain sentiment de paranoïa que j'ai déjà ressenti assez souvent auprès de mes amis pékinois. J'ai l'impression que formulée telle qu'elle l'est aujourd'hui, la réaction internationale face aux manifestations tibétaines donne prise à cette interprétation abusive. Cela m'inquiète et j'aimerais qu'enfin les gens, de part et d'autre, se mettent à poser plus de questions qu'ils ne donnent de réponses. Dépassionner le débat ainsi permettrait peut-être aux uns et aux autres de commencer à se comprendre.

P.S. D'ailleurs, Pierre Haski le dit bien mieux que moi!

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Commentaires
G
Bonjour,<br /> <br /> Je me permets de poster sur votre blog pour présenter mon livre.<br /> http://www.lulu.com/content/2287023<br /> <br /> « Comment j’ai créé un commerce en Chine ». <br /> Pour pouvoir pleinement se développer en Chine il faut comprendre ce pays et les attentes des chinois. La plupart des ouvrages existants en la matière me paraissent trop théoriques, peu adaptés aux réalités du terrain. Par ailleurs ils n’ont pas une approche et une analyse d’entrepreneur mais plutôt celle de journaliste, d’historien, de géographe, d’analyste.<br /> Dans cet ouvrage je raconte les deux années que j’ai passé en centre Chine. Comment j’ai notamment ouvert deux restaurants et la première entreprise à capital étranger de la Province du Hunan.<br /> Cet ouvrage a pour objectif de donner certaines clefs d’accès de la Chine d’aujourd’hui à tous ceux qui ne sont pas des multinationales et qui souhaitent comprendre l’environnement chinois et se développer en Chine.
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